La Passion selon saint-Jean

Dans la Passion selon saint-Jean (comme plus tard dans la Passion selon saint-Matthieu), Jean-Sébastien Bach ne se contente pas de raconter la condamnation à mort, puis la crucifixion, de Jésus : il la représente devant nous. Tous les moyens sont bons pour lui, larmes, cris, rires, silences…, afin de nous faire vivre cette histoire et revivre la tradition. Nous voici plongés au cœur de ces terribles événements.

Dans cette “représentation” il n'y a ni costume ni artifice de théâtre — il était même interdit à Bach d'écrire de la musique trop théâtrale… — et pourtant, quelle mise en scène nous offre ici le nouveau kantor (maître de chapelle) de Leipzig ! À côté de l'Évangéliste, qui raconte, les protagonistes de l'action sont présents, en particulier Jésus, Pilate et  Pierre. Les chanteurs à qui sont confiés ces rôles sont issus du chœur, tout comme ceux qui chantent les airs. Le chœur lui-même a une figure multiple : à la manière tragique, il commente ou déplore les péripéties de l'action, il  figure tour à tour les fidèles, le peuple juif, les soldats romains — il chante et représente à la fois la haine et l'amour.

Trente musiciens, chanteurs, instrumentistes, chef d'orchestre, sont réunis autour d'une partition qui, trois siècles après sa composition, n'a rien perdu de son feu, ni de sa vie.